Napoléon Bonaparte et la Suisse (FR)

Napoleon und die Schweiz – The Swiss Spectator (swiss-spectator.ch)

Napoléon Bonaparte et la Suisse

Napoléon Bonaparte (1769-1821) mourut à Sainte-Hélène, île britannique située dans l’océan Atlantique Sud.

La Confédération suisse

A ce moment-là, la Confédération composée de vingt-deux cantons, existait depuis six ans et le Congrès de Vienne (1814-1815) décréta que la neutralité perpétuelle de la Suisse était dans l’intérêt des Etats européens et garantit l’intégrité des cantons. Les grandes puissances reconnurent la Suisse comme un Etat indépendant et neutre.

En 1798, année de l’invasion française, peu de gens auraient soupçonné une telle évolution de la Confédération des XIII cantons. En outre, la France avait déjà annexé une partie du territoire jurassien de l’Evêché de Bâle en 1792.

L’ancienne Confédération, jusqu’en 1798, n’utilisait formellement que l’allemand à l’exception du canton de Fribourg (Freiburg) dont les langues officielles étaient l’allemand et le français. Les cantons/territoires francophones, italophones et romanches ou bilingues n’étaient pas membres de l’ancienne Confédération.

La République des Grisons, la République de Genève, la République des Sept Dizains (Republik der sieben Zenden), Etat qui exista sur le territoire de l’actuel canton du Valais, et la Principauté de Neuchâtel qui devint propriété du roi de Prusse, furent indépendantes.

 

Les cantons de Vaud, Thurgovie et du Tessin furent des territoires occupés ayant le statut de territoires sujets. Le canton du Jura n’existait pas encore : il n’a été créé qu’en 1979.

1798-1815

Après 1798, rien ne resta pareil. Napoléon Bonaparte introduisit l’Etat unitaire de la République helvétique (1798-1803), organisée sur le modèle français : les cantons, privés d’organes législatifs et dirigés chacun par une Chambre administrative de cinq membres, ne furent plus que des unités administratives et judiciaires.

Les territoires sujets eurent les mêmes droits que leurs anciens dirigeants. Les langues italienne et française eurent le même statut que l’allemand.

Après l’Acte de médiation de Napoléon Bonaparte en 1803, la Suisse fut organisée selon une Confédération d’Etats. Chacun des dix-neuf cantons disposait de sa propre Constitution et beaucoup recouvrèrent leurs droits de souveraineté de l’époque antérieure à 1798.

L’allemand, le français et l’italien devinrent langues officielles et la reconnaissance formelle de l’égalité des langues fut proclamée. Ce fut aussi la naissance de six nouveaux cantons : Vaud, Argovie, Thurgovie, Saint-Gall, Grisons, Tessin.

Ces dispositions furent confirmées par le Pacte fédéral de 1815 et la Constitution fédérale de 1848.

En 1938, la population helvétique accepta d’amender la Constitution fédérale pour faire du romanche la quatrième langue nationale. Il faudra cependant attendre 1996 pour que le romanche atteigne, à l’instar de l’allemand, du français et de l’italien, un statut de langue officielle. (Voir le site Swiss Spectator du 12 avril 2021, Le romanche comme langue officielle).

Napoléon Bonaparte a joué un rôle essentiel dans la création de la Confédération actuelle en restructurant de force la Suisse, en rééquilibrant le poids de ses différentes composantes et en établissant l’égalité de droit entre les cantons et les anciens territoires sujets ou alliés, mais il n’en est pas le fondateur.

Les racines de la Confédération et Napoléon

Les racines de la Confédération suisse remontent aux XIIIème, XIVème et XVème siècles, sans dynastie dominante, ni aristocratie, avec des cantons souverains et une démocratie directe – selon les normes de l’époque – dans huit cantons (Confédération des VIII cantons entre 1332 et 1481).

Cette structure de petits Etats souverains, reliés par un réseau d’alliance, survécut aux guerres de religions, aux tensions du multiculturalisme, à des voisins puissants et belliqueux.

Les Confédérés et les cantons suisses infligèrent à Napoléon Bonaparte sa première défaite en 1802-1803, non pas sur le plan militaire, mais sur le plan politique.

Napoléon Bonaparte l’a dit lui-même après la dissolution de la République helvétique qu’il avait instaurée en 1803 : « D’heureux événements m’ont conduit à la tête du gouvernement français, et pourtant je suis dans l’incapacité de gouverner la Suisse ».

Sans ces structures, le cours de l’histoire aurait pu amener la Suisse à devenir une monarchie et un Etat unitaire.

Conclusion

Les Tessinois l’avait déjà dit en 1797: Liberi e Svizzeri et Edward Gibbon l’avait écrit en 1767: History of the Liberty of the Swiss, en français Introduction à l’Histoire générale de la République des Suisses. La traduction allemande, publiée à Zurich en 2015, s’intitule : Die Freiheit der Schweizer.

Ce n’est pas de la nostalgie, mais le fondement de cette société démocratique, multiculturelle, innovante et décentralisée, avec une approche ascendante (bottom up/du bas vers le haut).

Savoir comment l’histoire se serait déroulée en Suisse sans la Révolution française, Napoléon Bonaparte et le Congrès de Vienne n’est aujourd’hui pas essentiel, malgré l’énorme influence exercée sur le pays par ces différents épisodes.

Un fait qui mérite d’être rappelé deux cents ans après la mort de Napoléon Bonaparte.

(Quelle: T. Kaestli (ed.), Nach Napoleon. Die Restauration, der Wiener Kongress und die Zukunft der Schweiz 1813-1815, Baden, 2016).

Rédaction et révision: Marianne Wyss, écrivain public et traductrice.

Sur les traces de Napoléon en Suisse